Vous venez de créer votre micro-entreprise ou voter société et maintenant se pose la question du calcul de votre bénéfice. Mais est-ce que calculer un bénéfice est-il aussi simple qu’il n’y paraît ? 🤔Entre chiffres d’affaires et fiscalité, découvrez comment tout s’imbrique.
Définition du bénéfice d’une entreprise
Le bénéfice, c’est le nerf de la guerre pour toute entreprise. Brut ou net, il reflète la santé économique d’une entreprise.
Le bénéfice se définit comme la différence entre les produits imposables (ventes, prestations, revenus financiers) et les charges déductibles (frais d'exploitation, salaires, impôts). Il se calcule sur une période comptable donnée, généralement de 12 mois.
En fait, il serait plus juste de parler de résultat des opérations de l’entreprise (approvisionnement, production, vente…) , puis, selon ce dernier, l'entreprise est :
- ✅ bénéficiaire : lorsque les produits de l'entreprise dépassent les charges, que ces ventes dépassent ses dépenses, l’entreprise est rentable. Là, il y a bénéfice pour l'entreprise.
- ❌ déficitaire : si les charges excèdent les produits, qu’une entreprise dépense plus qu'elle ne vend, l’entreprise subit une perte. Là, l'entreprise est en déficit.
Ici, dans cet article, nous nous placerons sous de bons auspices et considérerons que l’entreprise est bénéficiaire.
Pourquoi le calcul d’un bénéfice est-il important ? 📈
Le bénéfice est essentiel pour répondre aux obligations fiscales et réglementaires, mais aussi pour guider des décisions stratégiques comme le réinvestissement, la gestion des coûts ou la distribution de dividendes.
De plus, il est souvent utilisé pour calculer des ratios financiers clés, tels que la marge nette ou le retour sur investissement (ROI – Return on investment), et permet une analyse approfondie de la rentabilité et des performances.
Enfin, évidemment, un bénéfice, surtout s’il est récurrent, indique que l'entreprise est saine. Cela signale aussi qu’elle est viable, ce qui est un élément d’attractivité pour des investisseurs ou pour des prêteurs (banques, par exemple), notamment dans une perspective de croissance et de développement.
Calcul du bénéfice brut et net
Le point de départ du calcul du bénéfice est le chiffre d’affaires. Puis, on passe par deux étapes principales de calcul de bénéfice :
- 💵le bénéfice brut, qui mesure la rentabilité opérationnelle avant la déduction des charges fixes et des impôts ;
- 💰le bénéfice net, qui représente le résultat final après toutes les charges et obligations fiscales.
Pourquoi deux étapes, et non pas une ? Pourquoi ne pas juste aller au net ?
👉Passer par le calcul du bénéfice brut permet de prendre le pouls de son entreprise au plus près de son cœur de métier, de son activité, abstraction faite donc d’autres considérations.
Mais avant d’entamer ces deux étape, commençons par le départ : le chiffre d’affaires.
Comprendre le chiffre d'affaires (CA) 🛒
Le chiffre d'affaires (CA) correspond à la somme des revenus générés par la vente de produits ou de services pendant une période donnée, sans tenir compte des charges.
Il est établi en hors taxes (HT) et peut être considéré comme les recettes (entrées d’argent ou encaissements reçus) en HT.
Pour le calculer, il faut multiplier la quantité vendue d’un produit ou d’un service par son prix de vente unitaire. S'il y a plusieurs produits ou types de services, il faudra faire la somme.
💡CA = Quantité vendue × Prix de vente unitaire
Exemple :
L’entreprise de menuiserie Les Dryades réalise en un an :
- 800 ventes de chaises à 150 € / unité,
- 100 ventes de tables à 350 € / unité
- 50 ventes d’armoire à 800 € / unité.
Son chiffre d’affaires annuel est de (800 × 150) + (100 × 350) + (50 × 800) = 195 000 €.
💡 Bon à savoir : pour certaines prestations, consultant informatique auto-entrepreneur par exemple, il suffit de multiplier le nombre de jours travaillés par le tarif ou taux journalier moyen (TJM).
⚠️️Attention : le chiffre d’affaires élevé d’une entreprise ne garantit pas qu’elle soit rentable. Une mauvaise gestion des coûts peut entraîner un déficit malgré des ventes importantes.
Calculer le bénéfice brut 🔨
Le bénéfice brut représente la première étape d’évaluation de la rentabilité d’une entreprise. Il mesure la différence entre le chiffre d’affaires et le coût des biens ou services vendus (CBV), c'est-à-dire les dépenses liées à la production.
💡Bénéfice brut = CA - Coût des biens ou services vendus (CBV)
Les coûts des biens ou services vendus incluent :
- Les matières premières utilisées.
- Les coûts de production directe (main-d’œuvre, frais de fabrication).
L’entreprise de menuiserie Les Dryades, qui a réalisé un CA annuel de 195 000 €, a des coûts directs de 100 000 € (bois, clous, salaires des employés directement impliqués dans la production…).
Son bénéfice brut est donc : 195 000 - 100 000 = 95 000 €.
💡 Bon à savoir : si l’activité de l'entreprise est de l’achat-revente, le CBV sera le coût d’achat du produit revendu. Par exemple, le CBV d’une librairie sera le coût d’achat des livres qu’elle revend.
D’autre part, pour le CBV des prestations, ce seront les coûts liés directement à l’accomplissement de la prestation. Par exemple, les coûts d’abonnement à des logiciels pour un graphiste.
Calculer le bénéfice net 🔍
Le bénéfice net est le résultat final qui reste à l’entreprise après avoir couvert toutes ses charges et les impôts.
💡Bénéfice net = Bénéfice brut - Les autres dépenses et obligations
Le bénéfice net représente le montant réellement disponible pour l'entreprise, utilisable pour notamment :
- Réinvestir dans des projets ou des équipements.
- Constituer des réserves pour sécuriser l’activité.
- Rémunérer ou distribuer des dividendes aux actionnaires.
Comment seront imposés les bénéfices de votre entreprise ?
Les entreprises soumises à l'impôt sur le revenu (IR) 📝
L’impôt sur le revenu (IR) repose sur le principe de transparence fiscale pour les entreprises concernées. Cela qui signifie que les bénéfices ne sont pas dissociés de la rémunération du chef d’entreprise. Sa rémunération est non déductible du bénéfice.
Ainsi, les revenus générés par l’activité sont directement intégrés au revenu global du chef d’entreprise.
L’impôt sur le revenu s’applique par défaut aux entreprises individuelles (y compris les micro-entreprises), aux EURL dont l’associé unique est une personne physique, ainsi qu’aux sociétés de personnes (SNC, SCP, etc.).
L’impôt sur le revenu et le bénéfice 🏢
Le calcul de l'impôt sur le revenu prend en compte les bénéfices réalisés par l'entreprise ainsi que les autres sources de revenus du foyer fiscal de l'entrepreneur.
Il faudra donc déterminer le bénéfice imposable, en déclarant le montant du chiffre d'affaires auquel seront retranchés les charges déductibles. Puis, celui-ci sera reporté sous l’une des catégories imposables (BIC, BNC et BA). Le bénéfice imposable vient s’ajouter aux autres revenus du foyer fiscal du chef d’entreprise pour déterminer le revenu imposable.
Le revenu imposable ainsi déterminé, il est soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), avec des tranches d'imposition : le revenu est divisé en parts, et pour chaque part, un taux d’imposition est appliqué.
💡 Bon à savoir : Le calcul revenu imposable tient compte du quotient familial, ce qui permet de réduire l’impact fiscal en fonction de la composition du foyer.
Les catégories de bénéfices imposables : BIC, BNC et BA
Les bénéfices réalisés par les personnes physiques et soumis à l’IR sont classés par catégories de bénéfices, selon la nature de l’activité.
Pour l'application de l'impôt sur le revenu, ils doivent être reportés sur la déclaration globale de revenus de l'entrepreneur, sous la rubrique correspondante à son activité, dans l’une de ces catégories :
- Bénéfices industriels et commerciaux (BIC) : activités industrielles, commerciales ou artisanales.
- Bénéfices non commerciaux (BNC) : activités libérales, comme les professions médicales ou juridiques.
- Bénéfices agricoles (BA) : revenus tirés de l’exploitation agricole.
📊Le barème progressif de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)
Le barème progressif de l’IR est un taux d'imposition appliqué sur la tranche de revenu imposable.
Pour 2024, l'article 197 du Code général des impôts en fixe les tranches et les taux d’imposition, qui sont :
- part du revenu supérieure jusqu'à 11 294 € : 0 % ;
- part du revenu supérieure à 11 294 € et inférieure ou égale à 28 797 € : 11 % ;
- part du revenu supérieure à 28 797 € et inférieure ou égale à 82 341 € : 30 % ;
- part du revenu supérieure à 82 341 € et inférieure ou égale à 177 106 € : 41 % ;
- 45 % pour la part du revenu supérieure à 177 106 €.
Les cotisations sociales et l’IR 🏦
Les cotisations sociales sont calculées sur le bénéfice imposable de l’entreprise individuelle ou de l’exploitant relevant de l’impôt sur le revenu (IR), selon le régime social applicable et la nature de l'activité (BIC, BNC ou BA).
Pour tout contribuable fiscalement domicilié en France, elles incluent les contributions suivantes :
- Sécurité sociale (assurance maladie, maternité, vieillesse).
- Retraite de base et complémentaire.
- Contributions sociales comme la CSG et la CRDS.
Déductibilité et impact des cotisations sociales pour les entreprises à l’IR
💡Les cotisations sociales obligatoires sont déductibles du revenu imposable, réduisant ainsi la base de calcul de l'impôt sur le revenu, sauf pour les micro-entrepreneurs, où elles sont directement intégrées au taux forfaitaire.
Ces cotisations diminuent directement le bénéfice net disponible pour l’entrepreneur, influençant la rentabilité et la trésorerie de l’entreprise.
Comment sont imposés les bénéfices de la micro-entreprise ?
Le régime fiscal simplifié de la micro-entreprise 📋
Les micro-entreprises bénéficient d’un régime spécifique (régime micro-fiscal et micro-social) basé sur un abattement forfaitaire (une déduction fiscale) représentatif des charges, appliqué sur le chiffre d’affaires (CA) :
- 71 % pour les activités d’achat-revente ou d'hébergement.
- 50 % pour les prestations de services BIC.
- 34 % pour les activités libérales BNC.
Après abattement, le revenu imposable est ainsi déterminé et soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu IRPP.
⚠️ Attention : le CA ne doit pas dépasser certains seuils, au risque de perdre les spécificités de ce régime.
L’option du versement fiscal libératoire
Sur option, les micro-entrepreneurs peuvent opter pour un versement fiscal libératoire, qui consiste à payer un pourcentage fixe du chiffre d’affaires mensuel ou trimestriel, au fur et à mesure de l'encaissement de ce dernier.
Ainsi, selon la périodicité choisie, l’impôt sur le revenu et les charges sociales seront calculés en appliquant au CA les taux suivants :
- 1 % pour les activités de vente.
- 1,7 % pour les prestations BIC.
- 2,2 % pour les prestations BNC.
💡 Bon à savoir : Ce dispositif est disponible uniquement si le revenu fiscal de référence du foyer n’excède pas un certain seuil, par exemple 28 797 € en 2024, pour une personne seule.
👉 Pour en savoir plus sur le régime de la micro-entreprise en 2025, vous pouvez lire notre article dédié au fonctionnement de la micro-entreprise ici.
Les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés (IS) 🏢
L'impôt sur les sociétés (IS) s'applique de droit à certaines formes juridiques comme les SARL, SAS, SA ou SASU. Il est également possible pour des entreprises relevant normalement de l'impôt sur le revenu (IR), comme les EURL ou les SNC, d'opter pour l'IS, sous conditions spécifiques.
L’IS concerne seulement les bénéfices réalisés par l’entreprise, après déduction des charges et des rémunérations des dirigeants. Contrairement à l’IR, il distingue clairement les revenus de l’entreprise et ceux de ses dirigeants.
Ce sont les articles 205 à 223 U du Code général des impôts qui en fixent le cadre légal.
Taux applicables : standard et réduits
Depuis 2022, le taux normal de l’IS est de 25 % pour la plupart des entreprises, avec déduction de la rémunération des dirigeants.
Un taux réduit de 15 % est appliqué sur la fraction inférieure à 42 500 € des bénéfices imposables, à condition que :
- Le chiffre d'affaires ne dépasse pas 10 millions d'euros.
- Le capital soit entièrement libéré et détenu au moins à 75 % par des personnes physiques.
👉Les dirigeants sont imposés personnellement :
- Sur leur rémunération, au titre de son mandat social. Celle-ci est soumise à l'impôt sur le revenu et déclarée dans la catégorie des traitements et des salaires.
- Sur les dividendes qu'ils reçoivent, soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax) de 30 %, ou, sur option, au barème progressif de l’IR.
Stratégies fiscales pour payer moins d’impôt et optimiser le bénéfice
Les entreprises peuvent réduire leur charge fiscale tout en augmentant leur bénéfice net grâce à plusieurs stratégies fiscales.
Parmi les plus courantes, on trouve :
- 📉 Les amortissements : en répartissant le coût d’un bien sur plusieurs années, les entreprises peuvent déduire une partie de l’investissement chaque année, ce qui réduit le bénéfice imposable.
- 🏗️ Les crédits d’impôt : de nombreux crédits d'impôt, comme ceux liés à l’innovation (Crédit d’impôt recherche), aux investissements durables (Crédit d’impôt pour la transition énergétique), ou au développement des prototypes ou produits innovants (Crédit d'impôt innovation), permettent de réduire directement l’impôt sur les sociétés.
- 🌍 Les exonérations fiscales : certaines entreprises peuvent bénéficier de régimes fiscaux spéciaux, comme les zones franches urbaines (ZFU), pour réduire le montant de l'impôt.
Avoir une bonne stratégie fiscale pour réduire l'imposition de son entreprise ne s'improvise pas. Il est important de se faire accompagner par un expert-comptable compétant.